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  • Edi Rama : "L’UE doit se réinventer face à Trump et aux pouvoirs émergents"
    Cette semaine, nous recevons Edi Rama, le Premier ministre albanais. Adhésion à l’UE, lutte contre la corruption en Albanie et contre l’influence russe dans les Balkans, il liste les défis que son gouvernement doit relever. Le 11 mai dernier, le socialiste Edi Rama a remporté les élections législatives en Albanie. Cet ancien pays communiste de 2,4 millions d’habitants a vu son Premier ministre réélu pour un quatrième mandat, après dix ans au pouvoir."Les Albanais aiment l'Europe, ils veulent l'Europe"L’un de ses principaux thèmes de campagne a été l’adhésion de son pays à l’Union européenne [UE] d’ici 2030. "Les Albanais aiment l'Europe, ils veulent l'Europe. L'histoire nous a montré qu’il n’y a rien de mieux que l'Union européenne", explique le Premier ministre. Selon lui, elle représente "un espace de paix et de sécurité". "Les nouvelles générations en Europe ont un peu perdu ce sens et ce lien avec l'histoire. Pour nous, cela est encore très fort et cela nous donne de la clairvoyance sur l'importance de l'Union européenne", poursuit-il. Edi Rama et son parti ont décroché 83 sièges de députés sur 140, s'assurant une large majorité au Parlement. L’élection était scrutée de près par l’UE, afin de s’assurer du bon fonctionnement des institutions du pays. La Commission européenne note que ces élections ont été, comme souvent en Albanie, hautement polarisées, avec un langage de campagne très violent entre les deux grands partis historiques."Il y a des interprétations différentes. Je trouve que c'est plus violent en France par exemple, où il y a eu pendant ces dernières années une sorte de fracture dans la société, dans la politique. La politique au Royaume-Uni est très violente. Il y a des choses qui se disent au sein de la House of Commons [chambre basse du Parlement] que nous n'aurions pas imaginé pouvoir être dites. Ce n'est pas une nouveauté", se défend le Premier ministre albanais.En ce qui concerne la politique intérieure, l’insécurité économique touche une partie de la population albanaise malgré une hausse générale du niveau de vie. "Oui, nous avons des problèmes, sans doute, mais nous avons toujours plus d’opportunités", estime le Premier ministre. Avec plus de 10 millions de touristes par an, ce secteur est en plein essor dans le pays : "Pour un pays de 2,4 millions d'habitants, c'est vraiment beaucoup. Notre aéroport a reçu 11 millions de passagers. Il bat les chiffres de Belgrade depuis trois ans, qui auparavant a toujours été l'aéroport le plus grand de la région.""L'Albanie est alignée avec l'UE dans sa politique étrangère"L’Albanie a récemment accueilli le sixième sommet de la Communauté politique européenne, qui a réuni les Vingt-Sept mais également plus de vingt chefs d'États européens. Cette instance informelle de coopération intergouvernementale, lancée à l'initiative d'Emmanuel Macron en 2022, a pour objectif de favoriser le dialogue et la coopération en termes de sécurité, de stabilité ou de prospérité du continent européen."C'est un format qui est en train de maturer. Ce n'est pas encore un format qui a réussi à transformer tout ce grand potentiel en quelque chose de concret, mais c'est un format qui est en train de maturer et qui est très utile," estime Edi Rama. "C’est un bon format pour échanger des idées et pour réussir à se regarder en face et parler d'un chemin commun. C’était un privilège d'organiser ce sommet à Tirana. C’est quelque chose qui était inimaginable il y a juste quelques années."En termes de position géostratégique, l’Albanie s’aligne sur Bruxelles, notamment en ce qui concerne le soutien ferme à l’Ukraine et la dénonciation de la Russie. "L'Albanie est toujours alignée avec l'Union européenne dans sa politique étrangère et dans notre processus de négociation pour finalement adhérer à l'UE", confirme le Premier ministre. "Notre position a toujours été claire et nette, mais je pense que dans le même temps, l'UE doit faire de son mieux pour réussir à se réinventer dans le nouveau contexte créé spécialement par l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et en général face aux nouveaux pouvoirs émergents dans la politique internationale.""En Albanie, il n’y a pas d'influence russe"Vladimir Poutine cherche à étendre son influence dans la région des Balkans. Le président serbe Aleksandar Vucic, par exemple, a été le seul dirigeant parmi les candidats à l'adhésion à l'UE à avoir participé aux commémorations le 9 mai à Moscou,  à l'invitation du président russe. L’Albanie, quant à elle, est plus proche de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Des puissances russes et turques qui semblent mener une lutte d’influence dans les Balkans. Une idée que contraste le Premier ministre albanais : "C'est un peu les stéréotypes faciles des Occidentaux. Non, ce n’est pas comme ça. […] La Serbie est entre l'Europe et la Russie et l'influence du président russe est importante. En Albanie ou au Monténégro, ce n’est pas la même chose. En Albanie, il n’y a pas d'influence russe. […] L’endroit où la Russie peut créer de la rupture c’est en Serbie et en Republika Srpska [république serbe de Bosnie] en Bosnie-Herzégovine." Quant à la relation de son pays avec la Turquie, il la qualifie de "relation traditionnelle et fraternelle depuis très longtemps" : "C'est une relation qui n’est aucunement en compétition avec notre alliance avec l'Union européenne", précise-t-il. "C'est la raison pour laquelle nous avons rejoint le chemin de l'UE"Dans un rapport publié le 30 octobre dernier, la Commission européenne note les progrès et les priorités des pays candidats à l’entrée dans l’UE. Au sujet de l’Albanie, elle s’inquiète de voir une corruption encore trop présente dans ses institutions, bien qu’elle reconnaisse des progrès.Les trois premiers mandats d’Edi Rama ont été marqués par des scandales liés à la corruption. "Je n'ai rien à répondre", répond l'intéressé. "C'est l'état de fait. C'est exactement la raison pour laquelle nous avons rejoint le chemin de l'Union européenne. C'est le seul chemin pour transformer un pays comme le nôtre – ou comme un pays balkanique – en un État de droit. L’UE est la plus grande source de l'humanité en termes de connaissance sur la construction d’un État de droit", détaille-t-il. "Nous avons des sources de connaissances sur comment construire un État de droit, comment construire des institutions. Le chemin à suivre, c'est exactement celui-ci."Il précise sa politique au sujet de la lutte contre la corruption : "Nous sommes entrés dans un combat sans précédent et sans retour pour changer la nature de l'État et la nature des institutions. C’est pour cela que nous avançons à une vitesse incroyable dans les négociations [avec l’UE]." Des négociations qu’il espère terminer en 2027 afin de "donner aux États membres le temps de ratifier la décision et faire entrer l’Albanie dans l’UE en 2030"."Ce ne sont pas nos centres, ce n’est pas notre projet"L’Albanie a fait les gros titres des journaux ces derniers mois à la suite d’un accord bilatéral inédit signé avec l’Italie. Ce dernier prévoyait initialement l’installation en Albanie de deux centres de rétention de migrants secourus en Méditerranée, à des fins de procédures de demande d’asile ou de rapatriement gérées par Rome. Après la construction de ces centres, la justice italienne a invalidé le transfert de migrants vers l’Albanie.Alors que le bras de fer continue entre la Première ministre Giorgia Meloni et la justice, ces revirements représentent un revers pour le gouvernement italien. "Ce ne sont pas nos centres, ce n’est pas notre projet. Ce n'est pas à moi de répondre," se défend Edi Rama. "Nous avons seulement donné à l'Italie, qui est un pays très spécial pour nous, […] la juridiction sur un terrain qui est un terrain italien et tout ce qui est lié avec la construction et la gestion de ces centres, c'est la responsabilité de l'Italie. L'Albanie n'entre en rien dans tout cela," insiste-t-il.Alors que le Royaume-Uni envisage à son tour de mettre en place des "centres de retour" dans des pays tiers pour les demandeurs d’asile déboutés, Edi Rama a précisé que l’Albanie n’avait pas vocation à accueillir ce projet britannique : "J’ai toujours dit que si nous faisions quelque chose dans cette direction, cela serait seulement avec l'Italie, pour des raisons qui sont liées avec la nature de nos rapports, qui est complètement particulière. Ce n’est pas une surprise si j'ai dit non à Keir Starmer [le Premier ministre britannique]. Ce sera la même chose pour tout autre pays qui nous demanderait de faire la même chose."Émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats et Oihana Almandoz
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  • Euro numérique : le futur moyen de paiement des Européens ?
    Oubliez les banques, American Express, Visa et autres PayPal : l’Europe pourrait bien devenir votre moyen de paiement. C’est le projet de l’euro numérique, une solution européenne de paiement numérique équivalente aux billets, gérée directement par la Banque centrale européenne. Cet euro numérique permettrait à l'Europe d'affirmer sa souveraineté monétaire par rapport aux moyens de paiement américains, tout en offrant aux citoyens européens un moyen d'échapper à la collecte de leurs données. Mais les banques commerciales s'inquiètent de voir ce projet porté par la BCE grignoter leurs parts de marché dans l'univers lucratif des paiements. À peine imaginé, cet euro numérique fait aussi l’objet de fantasmes et fausses nouvelles sur la fin de l’argent liquide et la possibilité de bloquer des comptes ou des paiements. Alors, l’euro numérique verra-t-il le jour, et avec quels bénéfices pour les Européens ?Émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats et Luke Brown
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  • Stéphane Séjourné : "Il faut trouver de nouveaux marchés et de nouveaux accords commerciaux"
    Cette semaine, nous recevons Stéphane Séjourné, vice-président exécutif chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle à la Commission européenne. Simplification administrative et lancement du programme "Choose Europe", il présente les mesures pour relancer la compétitivité des Vingt-Sept, et nous parle de l’Europe de la défense et du défi démocratique en Roumanie et Pologne. La Commission européenne a dévoilé sa nouvelle "stratégie pour le marché unique" européen ayant pour objectif de lever les barrières internes et d’inciter les entreprises européennes à investir sur le continent."Le contexte international fait du marché intérieur une valeur refuge pour les entreprises européennes. Or, elles sont plus facilement internationalisées qu’européanisées", explique Stéphane Séjourné, vice-président exécutif chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle à la Commission européenne et également ancien député européen du groupe Renew. Selon lui, les barrières réglementaires empêchent certaines entreprises européennes de se développer dans d’autres pays européens.À lire aussiStéphane Séjourné, un proche de Macron et spécialiste de l'Europe au Quai d'Orsay"Il faut de la flexibilité""Nous avons mis en place des dispositifs pour simplifier et harmoniser l'ensemble des règlements. Il y aura un objectif, y compris celui d’un 28ᵉ régime pour les entreprises qui veulent opérer sur le marché européen", détaille-t-il. Face aux tensions commerciales actuelles entre l’Union européenne (UE) et la Chine ou avec les États-Unis, Stéphane Séjourné appelle à "réduire nos dépendances" envers ces pays. "Le marché européen de 450 millions de consommateurs doit [...] offrir des perspectives de croissance pour nos entreprises européennes et notamment pour les entreprises françaises."Cette stratégie prévoit notamment d’exempter les petites et moyennes entreprises d'être inscrites au portail de la gestion des émissions carbone. Les ONG environnementales dénoncent une dérégulation déguisée qui irait à l’encontre des engagements pris par les Vingt-Sept en faveur de la protection du climat. "Nous avons décidé de garder les standards que nous avions fixés lors de la dernière mandature, c’est-à-dire la décarbonation de notre économie d’ici 2050. [...] L'objectif est intangible", se défend Stéphane Séjourné. À lire aussiAu nom de la compétitivité, Bruxelles détricote son Pacte vert et provoque la colère des écologistes"Nous sommes pragmatiques dans le contexte international qui a changé le contexte d'incertitude économique au sein du marché intérieur et donc de notre propre économie européenne. Il faut donner des flexibilités. Cela ne veut pas dire déréguler notre système, mais c'est retirer le papier, harmoniser les règles, pousser les États membres à justement faire des convergences fiscales et administratives sur un certain nombre de secteurs," tempère le commissaire européen. Face au climat d'incertitude économique, il insiste sur la nécessité d’être flexible : "Si vous rendez fixe le chemin, vous perdez toute marge de discussion et de négociation, et notamment d'adaptabilité économique."Les ONG environnementales dénoncent également une possible suppression du devoir de vigilance sur les entreprises, comme souhaité par le président français et le chancelier allemand, ce qui irait à l’encontre du Pacte vert européen.Les grandes entreprises ont le devoir de mettre en œuvre des mesures pour identifier, prévenir et atténuer les risques liés aux droits humains et à l’environnement tout au long de leur chaîne de production. "Cela faisait peser sur les entreprises européennes la responsabilité de toute la chaîne de valeur, y compris en dehors de l'UE. Cela partait assez bas dans la chaîne de valeur, c'est-à-dire que le sous-traitant du sous-traitant du sous-traitant devait également être contrôlé par votre entreprise européenne, sinon vous pouviez être responsable devant les tribunaux européens. Cela posait un certain nombre de problèmes d'insécurité juridique", détaille le vice-président exécutif chargé de la stratégie industrielle."L'Allemagne et la France ont fait une proposition pour remettre à plat ce texte, qui est clairement de le supprimer", confirme-t-il. Il précise que pour cela, il leur faut encore obtenir une majorité puisque c'est une codécision du Parlement européen et du Conseil. "Nous regarderons si nous ne pouvons pas garder les objectifs tout en simplifiant totalement le dispositif. [...] Au moment où les Américains font des choix très radicaux, il faut qu'on puisse aussi être très clairs sur notre réglementation européenne.""Il faut défendre l'intérêt européen au fur et à mesure des soubresauts de l'administration Trump"Donald Trump a brandi de nouvelles menaces sur les droits de douane en ciblant l'UE, visée par une surtaxe de 50 % sur ses produits exportés aux États-Unis. Depuis le début des discussions, les Vingt-Sept sont partagés entre une réponse forte basée sur des représailles douanières et sur une volonté de continuer la négociation.À lire aussiDonald Trump menace l'UE de 50 % de droits de douane, les Bourses européennes dévissent"Pendant cette période, il ne faut pas de doctrine. Il ne faut pas choisir une option ou une autre. Je pense qu'il faut défendre l'intérêt européen au fur et à mesure des soubresauts de l'administration Trump et du contexte international", explique Stéphane Séjourné."Je prône de ne surtout rien noter de définitif dans les propositions que nous pouvons faire tant que nous n'avons pas une proposition américaine sur la table", détaille-t-il. Selon lui, certains secteurs de production nécessiteront une "réciprocité complète" en termes de droits de douane appliqués aux produits américains, comme l’aéronautique : "S’il y a 10 % sur Airbus, il faut qu’il y ait 10 % sur Boeing."Dans d’autres secteurs, la réciprocité n’est pas dans l’intérêt de l’UE selon lui. "L'Europe a bien entrepris cette négociation. Elle a été moins vocale que les Américains, mais également unie dans la période", affirme le vice-président exécutif à la Commission. "Une partie de la réglementation pourrait affaiblir la demande de véhicules"En Europe, le marché de l’automobile représente 13 millions de travailleurs directs et indirects. Une industrie automobile européenne que Stéphane Séjourné estime "en danger de mort" notamment à cause de l’imposition de nouveaux droits de douane américains, de mauvais choix stratégiques et d’un excès de normes européennes. "Il y a un risque commercial fort puisque nous exportons des véhicules. Des constructeurs ont aussi décidé de produire en dehors de l'UE, pour d'autres marchés, pour des marchés domestiques sur lesquels ils comptent se développer. Il faut qu'on continue à pouvoir les aider", prévient le commissaire européen.L’UE a voté l’interdiction de la vente de voitures à essence et diesel à partir de 2035. Une décision qui pourrait être remise en question par la Commission européenne afin de relancer le secteur automobile."Une partie de la réglementation pourrait affaiblir la demande de véhicules si nous n'avons pas des critères d'achat européen de voitures électriques dans les flottes professionnelles d'entreprise, nous n'arriverons pas à booster la demande et nous n'arriverons pas à sortir par le haut," explique Stéphane Séjourné. "Dans un deuxième temps, il faut trouver de nouveaux marchés et de nouveaux accords commerciaux. [...] Si nous souhaitons réduire notre dépendance par rapport à la Chine et se préserver d'un futur marché américain qui peut fermer, il faut absolument trouver des nouveaux débouchés.""De nouvelles ressources propres"L’UE cherche à mettre en place une préférence européenne, avec 65 % de composants devant être européens, en matière d’achat d’armement en commun pour renforcer sa défense. "Nous ne pouvons pas avoir de matériel qui soit 100 % américain, 100 % coréen ou en tout cas qui ne soit pas avec des composants européens", réitère Stéphane Séjourné. "C'est quand même une petite victoire européenne sur la fin de la naïveté sur ce sujet. Cela donne des perspectives de commandes pour nos industriels. Et surtout, c'est une démonstration que l'Europe est en capacité d'être flexible sur son budget. Nous avons décloisonné tous les fonds européens, nous avons été chercher les fonds de cohésion."Au chapitre du budget de l’UE, il explique sa volonté de trouver "de nouvelles ressources propres" : "Il y a un certain nombre de pistes comme la taxation des petits colis qui viennent de Chine. Comme taxer chaque petit colis deux euros. Six milliards de colis devraient arriver de Chine l'année prochaine. Cela donne la taille de ce que nous pourrions récupérer dans le budget européen pour l'intérêt général européen."Il évoque également la possibilité d’instaurer un visa touristique payant pour entrer sur le territoire européen à l’instar du visa américain ou britannique : "Il y a des perspectives de nouvelles ressources qui ne sont pas supportées par les Européens, par exemple l’ESTA [système électronique d'autorisation de voyage] européen. [...] Vous allez aux États-Unis, cela coûte 25 ou 26 $ pour pouvoir rentrer sur le territoire américain. Vous allez en Europe, c'est gratuit.""L'Europe n'a pas l'arsenal réglementaire et la protection des démocraties nécessaires"En Roumanie, le pro-européen Nicusor Dan a été élu président face au nationaliste George Simion. Ce dernier a contesté sa victoire auprès de la Cour constitutionnelle qui a rejeté ce recours. Le candidat perdant demandait l'annulation du scrutin au motif "d'ingérences extérieures" de la France.À voir aussiÉlection présidentielle en Roumanie : un scrutin sous influence ?Stéphane Séjourné dément toutes ces infox, et appelle à "faire attention" : "Je pense que cela va se multiplier dans beaucoup d'élections. L'Europe n'a pas l'arsenal réglementaire et la protection des démocraties nécessaires à hauteur de ses ambitions", estime le commissaire, également ancien ministre de l'Europe et des Affaires étrangères français. Rappelant que le chinois TikTok est en effet intervenu dans la première élection présidentielle roumaine en décembre 2024, en propulsant un candidat pro-russe, il insiste : "Il faut maintenant qu'on puisse s'adapter, y compris aux nouvelles technologies, aux fake news et à l'ingérence étrangère de manière collective. Des mesures doivent être mises à disposition des États membres pour se protéger également et avoir une honnêteté et une liberté de parole parfaite dans ces élections."L’élection présidentielle à venir en Pologne pourrait également être menacée par l'ingérence étrangère : "Il y a une campagne, elle est libre, à priori. Nous n’avons pas de retour d'ingérence massive qui pourrait changer les comportements électoraux des Polonais de manière artificielle ou avec des fausses informations", commente Stéphane Séjourné. La présidence pourrait être remportée par les ultra-conservateurs qui menacent de bloquer l’agenda de retour à l’État de droit voulu par l'UE ainsi que le soutien à l'Ukraine. "C'est le risque en réalité d'avoir un retour sur des garanties de liberté de la presse, d'indépendance de la justice, de liberté d'expression, des oppositions. Il faut qu'on garantisse ces libertés, nous, Européens, mais nous ne devons pas nous mêler du débat national des partis politiques. C'est le choix des peuples souverains d'élire leur président. Il faut que nous le respections, même si cela ne nous convient pas."À voir aussiPrésidentielle en Pologne : un premier tour serré"Ils peuvent apporter énormément à l'économie européenne"La France a accueilli la conférence Choose Europe for Science dont l’objectif est d’attirer des scientifiques du monde entier sur le Vieux Continent. Alors que l’administration américaine ampute le budget réservé à la recherche scientifique, l’UE appelle les chercheurs outre-Atlantique à "choisir l’Europe". Pour ce faire, elle met à disposition une enveloppe budgétaire de 500 millions d'euros pour la période 2025-2027. Une initiative critiquée par certains car l’UE a effectué des coupes budgétaires dans la recherche et l'enseignement supérieur ces dernières années. "Choisir l'Europe, ce sera réviser les marchés publics, mettre des clauses de préférence européenne sur un certain nombre de secteurs stratégiques, faire le Buy European Act qui sera une petite révolution pour l'UE", tente de rassurer Stéphane Séjourné. "Pour ce qui est du Choose Europe sur la recherche, nous sommes engagés dans une démarche d'attractivité internationale puisqu'il y a des perspectives de faire venir des talents incroyables, notamment de l'autre côté de l'Atlantique, qui se sont retrouvés sans argent pour rechercher, parce que ce sont des chercheurs qui sont souvent très capés et qui ont énormément d'expérience. [...] Ils peuvent apporter énormément, y compris à l'économie européenne et à la recherche appliquée pour nos industriels", conclut-il. Émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats, Luke Brown et Oihana Almandoz.
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  • Élections cruciales en Roumanie et Pologne : vague ou reflux populiste ?
    En Europe centrale et orientale, des élections cruciales se succèdent et pourraient faire basculer l'unité des Vingt-Sept. La Roumanie vient d'élire comme président un candidat pro-européen, Nicusor Dan, face à George Simion, qui se présentait comme grand admirateur de Donald Trump et hostile à l’aide à l’Ukraine. En Pologne, le candidat maire de Varsovie et pro-européen, Rafal Trzaskowski est arrivé en tête au premier tour avec un point d’écart face à l’historien nationaliste Karol Nawrocki, soutenu par le parti ultra-conservateur Droit et justice, le PiS. Le Premier ministre Donald Tusk et l’Union européenne s’inquiètent d'une situation de cohabitation dure avec le PiS qui entrainerait un blocage de toutes les réformes visant à restaurer l’État de droit. Assistons-nous au flux ou au reflux de la droite radicale et des populistes dans l’Est de l’Europe ? En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban pourrait-il se trouver bientôt des alliés pour ralentir l’aide à l’Ukraine alors qu’il était jusqu’ici isolé ? Émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats et Luke Brown
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  • Roxana Mînzatu : "En Europe, nous avons la liberté nécessaire pour rechercher, penser, créer"
    Cette semaine, nous accueillons Roxana Minzatu, vice-présidente exécutive de la Commission européenne. En charge des emplois de qualité, des compétences et de la préparation aux changements, elle commente les défis à relever en 2025. Grâce à de multiples plans de relance de l’emploi au sein de l’UE, le taux de chômage atteint aujourd’hui le niveau historiquement bas de 5,8 %. Ces progrès n’empêchent pas les Européens de s’inquiéter pour leur avenir sur le marché de l’emploi. Roxana Mînzatu, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, chargée des droits sociaux, des compétences et des emplois de qualité, reconnaît que "la pauvreté est malheureusement plus sérieuse" de nos jours. "Il est vrai que nous avons des emplois mais nous devons nous demander s'ils sont des emplois de qualité. [...] Nous devons réfléchir à comment faire pour qu’un emploi offre les ressources nécessaires à une personne pour pouvoir payer tout ce dont elle a besoin. Mon rôle dans la Commission européenne est de travailler avec les partenaires sociaux, les employeurs et les syndicats afin de prendre les mesures nécessaires pour soutenir les emplois de qualité dans tous les secteurs," explique la commissaire, issue du Parti social-démocrate roumain."Le niveau des jeunes n'est pas le même que celui des générations précédentes"Si le nombre de personnes sans emploi dans l’UE a baissé, le taux de chômage chez les jeunes s’élève à 15 %, soit deux fois plus que l'ensemble des travailleurs. Des chiffres qui montrent la difficulté à intégrer la nouvelle génération sur le marché de l’emploi. "Nous avons investi dans ce domaine mais ce n'est pas suffisant", admet la commissaire européenne. "Nous voyons que le niveau de compétences des jeunes n'est pas le même que celui des générations précédentes." Elle explique notamment cela par leur fascination des réseaux sociaux, et un manque de professeurs au niveau européen. "Nous devons travailler sur toutes ces dimensions : la qualité de l'emploi, le niveau de salaire et les moyens de rendre l'apprentissage plus accessible à tous", détaille-t-elle.Une étude sur l’avenir du travail en Europe montre que 94 millions de personnes devront se reconvertir professionnellement d’ici 2030 en raison des progrès de l'automation et de l'intelligence artificielle. La commissaire européenne reconnaît un besoin "d’aider les employés à travailler avec cet assistant d’intelligence artificielle". Selon elle, cette adaptation à ces nouvelles technologies implique un meilleur niveau en mathématiques de la part des travailleurs : "Depuis dix ou quinze ans, nous avons un problème avec les compétences minimales en mathématiques. Comment pouvons-nous préparer les nouvelles générations pour l'automatisation et le numérique si nous avons ce problème systémique avec les mathématiques ? Nous avons besoin de talents qui ont de bonnes compétences en mathématiques. Je travaille également sur cela.""Ils trouveront ici un endroit où ils sont libres de faire leur métier"La France, en partenariat avec la Commission européenne, a accueilli le 5 mai dernier la conférence Choose Europe for Science dont l’objectif est d’attirer des scientifiques du monde entier sur le Vieux Continent. Alors que l’administration américaine ampute le budget réservé à la recherche scientifique, l’UE appelle les chercheurs outre-Atlantique à "choisir l’Europe". Pour ce faire, elle met à disposition une enveloppe budgétaire de 500 millions d'euros pour la période 2025-2027. À lire aussiAppel de Macron aux chercheurs américains : de grandes ambitions mais toujours pas de moyens"L'Europe est un endroit où nous avons la liberté pour rechercher, penser, créer", explique Roxana Mînzatu. "Ce n'est pas seulement un message pour les Américains, c'est un message pour tous les chercheurs et chercheuses qui veulent choisir l'Europe pour leur travail. Ils trouveront ici un endroit où ils sont libres de faire leur métier, où ils auront un soutien financier aussi."À lire aussiL'UE investit 500 millions d'euros pour attirer les scientifiques menacés par TrumpL’UE a pourtant effectué des coupes budgétaires dans la recherche et l'enseignement supérieur ces dernières années. En France, ce poste de dépense a été amputé d’un milliard d’euros en 2025. Des dépenses supplémentaires qui apparaissent comme une contradiction pour certains acteurs du secteur. "C'est l'oxygène dont nous avons besoin dans les économies européennes pour avoir de nouvelles ressources dans les budgets", se défend Roxana Mînzatu faisant référence à l’arrivée de talents étrangers. "Pour favoriser la compétitivité de l'Europe, il y a un besoin de personnes, de travailleurs et travailleuses qui ont des compétences, qui sont éduquées. Il faut aussi de l'innovation, des nouveaux produits et services. [...] Nous ne pouvons pas être vulnérables, nous ne pouvons pas seulement consommer des services et des produits d'innovation qui viennent d'autres endroits dans le monde.""Nous aurons des kits de survie spécifiques à chaque pays"Roxana Mînzatu est également chargée de la préparation et de l’anticipation des crises. L’Europe est-elle prête à faire face ? "Non, je crois que la réponse très courte est non", reconnait la commissaire. "Tout le monde dit que la préparation c'est seulement pour la guerre, mais non, c'est également pour tous les événements de tous type - climatiques, économiques - qui impliquent la survie des individus", poursuit-elle. Au sujet des catastrophes climatiques, ou encore des coupures électriques qui ont frappé l’Espagne et le Portugal : "Nous avons vu ces événements et nous cherchons à mieux nous préparer pour que les familles, les individus, les entreprises ou les écoles aient les ressources et les équipements nécessaires pour gérer la situation. [...] Nous avons besoin d'investir dans l'information et l'éducation afin de préparer la population." Dans ce sens, l’UE a présenté un kit de survie que tous les Européens devraient avoir chez eux pour être autonome pendant 72 heures en cas de crise. Il contient une liste d'une dizaine de produits jugés indispensables comme une bouteille d'eau, une lampe torche ou des allumettes. Une initiative qui a provoqué de l’anxiété chez de nombreux citoyens. "Les réactions sont différentes en fonction des pays", admet Roxana Mînzatu. "Nous allons travailler ensemble avec chaque État membre afin de comprendre les spécificités de chaque pays. [...] Les pays n’ont pas tous les mêmes défis. Nous devons impliquer les citoyens, les entreprises, les autorités locales. Toutes les institutions doivent avoir un rôle dans la préparation. Investir dans la préparation à la crise et pas dans la réaction à la crise coûte moins cher. Cela est plus efficace et sauve des vies", estime-t-elle."Nous avons besoin de plus d'éducation"Autre sujet de crise, celui de la désinformation, qui touche les Vingt-Sept de différentes manières. En Roumanie par exemple, la Cour constitutionnelle a annulé en décembre dernier le premier tour du scrutin présidentiel sur fond de soupçons d’ingérence russe.À lire aussiRoumanie, Pologne : des élections sous influence ? L’UE contre la désinformation étrangère"Nous ne sommes pas préparés à la désinformation", s'inquiète la commissaire européenne. "Nous avons besoin de plus d'éducation. Nous voulons travailler avec les écoles, les universités, les États membres, afin de comprendre ce que sont les fake news." Avec cette idée en tête, la Commission européenne a présenté l'"Union des compétences", un projet regroupant plusieurs initiatives dans les domaines de l'éducation et de la formation. "L’une des compétences de base, c’est celle de la citoyenneté", conclut Roxana Mînzatu. Émission préparée par Isabelle Romero, Oihana Almandoz, Perrine Desplats, Luke Brown.
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Acerca de Ici l'Europe

Rendez-vous à Bruxelles pour un entretien avec une personnalité européenne de premier plan, suivi d'un débat entre eurodéputés. Le samedi à 11 h 10 (heure de Paris), puis 15 h 40.
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