Nicolas de Staël au Musée d'art moderne, l'un des artistes les plus intenses de l'après-guerre
Ce sera certainement l'une des expositions les plus courues en cette rentrée. Le Musée d'art moderne de Paris programme une rétrospective sur Nicolas de Staël. Un voyage dans le florilège de couleurs et les paysages du peintre maudit qui s'est donné la mort à l'âge de 41 ans en 1955. La vie de Staël a créé un mythe. De son exil après la révolution russe et son installation à Paris jusqu'à son suicide à 41 ans. Une légende qui jette une ombre sur l'œuvre, en quelque sorte.« De Nicolas de Staël, on se souvient principalement de l'homme et de la légende autour de cet homme très beau, mort très jeune de façon extrêmement tragique », dit Pierre Wat, commissaire de l'exposition. « Mais cette légende, on pourrait dire qu'elle l'a un petit peu dévoré, que le mythe a aveuglé l'œuvre d'une certaine manière. Nous avons voulu remettre l'œuvre au centre de l'exposition et donc en onze salles, on est absolument sidérés par à la fois la cohérence parce qu'il n'y a pas de rupture, mais le renouvellement. »Une peinture, fruit d'un travail sans relâche au gré des déplacements de l'artiste, que ce soit dans le Midi, en Normandie, en Île-de-France ou en Sicile. Et dès le départ les couleurs sont en force, sombres d'abord puis éclatantes, elles envahissent le tableau, débordant presque du cadre. « Staël, c'est quelqu'un qui sait mettre ensemble des couleurs que personne n'oserait associer a priori. Il y a là une sorte de joie visuelle extraordinaire pour le spectateur », souligne Pierre Wat.Nicolas Staël, un grand peintre de paysagesIl y a aussi le paysage cher à Nicolas de Staël, d'horizons en lignes de fuite. Ciels démesurés, mer à perte de vue ou champs. Les formes sont géométriques, élémentaires et la palette de couleurs infinie.« Je pense que son rapport au paysage est ce qu'il y a de plus important dans son œuvre puisqu'en fait, sur 1 100 tableaux qui nous restent, la moitié sont des paysages. Donc en fait, Staël qu'on pense souvent comme un peintre abstrait, est d'abord un très grand peintre de paysages », explique Pierre Wat.Il ajoute : « C'est quelqu'un qui pense beaucoup aux peintres du XIXe siècle, qui admire énormément Courbet par exemple, qui est fasciné par Van Gogh également, donc je pense qu'il se trouve que cet homme qui est un exilé, qui était apatride pendant la guerre, qui veut devenir un grand peintre français, renouveler la tradition, il se situe par rapport à ça. Et puis [c'est un] grand peintre de paysage, parce que Staël trouve toujours sa stimulation, son influx dans le monde qu'il voit. »« Staël ose tout »Et si le peintre a connu un destin tragique, son œuvre dégage une joie profonde comme ce bouquet de fleurs.« C'est une nature morte qu'il a peinte en Provence en 1953 où on a trois pots de fleurs, bouquets de fleurs les uns à côté des autres avec des couleurs absolument éclatantes », décrit le commissaire de l'exposition. « Staël ose tout, il ose des roses, des oranges, des jaunes, des rouges. Et on ressent cette joie en nous quand on regarde ce tableau, parce qu'il y a une espèce de fête picturale absolument passionnelle de quelqu'un qui nous donne tout. »Un tableau qui, comme la plupart des 200 œuvres réunies au Musée d'art moderne, appartient à une collection privée. Une exposition rare de Nicolas de Staël, l'un des artistes les plus intenses de l'après-guerre.